LES CHATAIGNES.
D'après Laurent Signoli (Loulou)
A Altiani, nous avons pu constater que la cueillette (a cugliera) des châtaignes (e castagne) était encore effective durant les années 1960.
Les châtaignes ramassées à la main, avec l'aide d'un "rospulu" ou d'une " ruspaghjola" ( petite fourche à plusieurs dents) étaient placées dans un " spurtellu "(panier en lamelles tressées de bois de châtaignier d'une contenance d'un décalitre.
U spurtellu
Placées dans des sacs en jute (sacchi di juta), elles étaient acheminées à dos d'âne ou de mulet jusqu'au séchoir (u grataghju), qui se trouvait, soit dans une "casetta " située dans la campagne, soit, le plus souvent, dans les maisons du village. Ces séchoirs faits de claies (e grate) étaient situés dans les combles (u sulaghjolu), au-dessus de la pièce principale de la maison (a sala) qui possédait, en son centre, "u ziglione " ou "u fugone " dans lequel se faisait le feu. La fumée s'évacuait à travers les traverses du plafond et, ensuite, par le toit.
E grate
Cette "sala", que l'on trouvait dans de nombreuses maisons, servait, à la fois, de cuisine et de salle à manger. On y faisait également sécher la charcuterie ( a roba purcina), c'est à dire le jambon (u prizuttu), la saucisse au foie (u ficatellu), le filet (u lonzu), le faux-filet (a coppa) et le saucisson (a salciccia) que l'on suspendait à des perches (e pertiche).
Pour la cuisine, une crémaillère (a catena ou u catinacciu) permettait de suspendre le chaudron (a paghjola) au dessus du foyer (u fugone). On utilisait également une marmite (a pignata) posée sur un trépied (u trepede).
U trepede nant' u fugone A pignata nant' u trepede
Les "ballotte" ( châtaignes cuites à l'eau) et les "fasgiole" ou "rustite" ( grillées au feu de bois et broyées à l'aide du "pistellu") faisaient les délices de tous et c'est toujours le cas de nos jours.
U pistellu
Pendant que les châtaignes grillaient dans le "testu" ( rotissoire en terre glaise de 10 cm de hauteur environ, à anse de panier, dans laquelle on avait incorporé de l'amiante et dont la base était percée de petits trous), les Anciens, tout en chiquant "l'erba tabacca" (tabac de leur culture) racontaient la vie quotidienne du village avec ses anecdotes, ses histoires qui faisaient parfois frémir les enfants. Je garde le souvenir que la boule de tabac longuement mâchée (chica) était parfois remisée sous la casquette ou dans un trou du mur pour être réutilisée.
U testu
La farine de châtaignes (farina pisticcina), obtenue par battage à la main, dans un premier temps,
puis, par broyage, dans un moulin, servait et sert toujours à composer de nombreuses recettes:
farina castagnina
* la pulenda, bien évidemment,que l'on déguste avec ficatellu, brocciu et oeufs. (Pulendaghju indispensable!).
U pulindaghju A pulenda
* les diverses bouillies de farina pisticcina ( brilluli, granaghjole ou farrichjulu).
I brilluli
* les crêpes (i niccii ou i miaccioli, i vultati).
I niccii I farri a niccii
I vultati
* les galettes ( e pisticcine).
* des beignets ( e fritelle pisticcine).
* des gâteaux ( e migliaccii pisticcini).
* du pain ( u pane pisticcinu).
* des flans ( i pastizzi pisticcini).
ET PLUS RECEMMENT:
* des fondants et moelleux.
* des mousses et des cookies.
* des cakes et des bûches de Noël ( ceppi di Natale).
* et même des frites de pulenda et du tiramisu.
* etc...
Le souvenir des interminables veillées autour du feu, avec le mélange des générations, reste, pour moi, impérissable.
#####