LE NOUVEAU PONT

                           

 

 LE NOUVEAU PONT D'ALTIANI

 

Article 2

 

Article 3

 

 SITUATION

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Le nouveau pont d'Altiani a ouvert hier

 

Publié le mardi 12 juillet 2011 à 08h08  - 

  

Enfin ! Serait-on tenté d'écrire. Enfin, puisque le projet de construction d'un nouveau pont franchissant le Tavignani à Altiani avait été adopté par la CTC en 2003. Suite à un concours européen d'architectes, et 20 projets proposés, c'est celui de M. Lavigne qui avait été retenu. Mais, faute de moyens financiers, le projet était resté dans les tiroirs. Finalement, après 18 mois de travaux, le nouveau pont est ouvert à la circulation depuis hier.

 

En tout début de matinée, le président de l'exécutif territorial, Paul Giacobbi, en compagnie de Pierre Ghionga, président de l'OEC, et des divers responsables des entreprises concernées, se sont retrouvés autour du nouveau pont d'Altiani. Après une visite de la structure et quelques explications distillées par Loïc Morvan, Paul Giacobbi a donc ouvert ce pont à la circulation, et tourner ainsi une page de plusieurs années de galère pour les automobilistes. L'ancien pont génois, construit en 1698, n'était plus du tout adapté à la circulation car doté d'une seule voie particulièrement étroite.

 

Camion4D'ailleurs de nombreux accidents s'y sont produits, causant de graves dommages à la structure. Pire encore, puisque l'on a souvenir d'accidents mortels. Et il était donc temps que l'ouvrage, classé au titre des monuments historiques, tout comme la chapelle, puisse être préservé.

 

Paul Giacobbi s'est félicité de cette construction moderne, reprenant également le modèle de parement de l'ancien édifice. « Ce pont, d'un montant de 8,5 millions d'euros, est important pour sécuriser la circulation. Dans la projection à moyen terme que nous avons, celle du schéma directeur des routes, adoptés d'ailleurs par l'assemblée de Corse sans voix contre, l'idée est que les poids lourds passeront par la RN 200 pour aller à Ajaccio. Et donc, nous aurons un axe important de développement, inconcevable avec l'ancien pont », a expliqué le président de l'exécutif, avant de poursuivre, « cet ouvrage est d'une qualité exceptionnelle à la fois dans l'insertion paysagère, à la fois dans la modernité, à la fois dans la qualité d'exécution ».

 

Il reste aujourd'hui à aménager le site d'aires de repos. ce sera d'ailleurs chose faite dans les jours qui viennent. Quant au pont génois et à la chapelle romane, le collectif pour leur sauvegarde, souhaite une mise en valeur et une restauration du pont qui a été « endommagé à plusieurs reprises. Il est nécessaire de le restaurer et de consolider les parapets dont les pierres sont régulièrement volées par des individus peu scrupuleux », a souligné Angèle Bernabei, membre du collectif.  

Pont 2

 

 

                                                                                                                                                                                                                         

 

 

 

Pont 1

 

 

 

 

 

                                                                                                                                       

 

À ce sujet, Paul Giacobbi a rappelé que « tôt ou tard on va retrouver les personnes qui commettent ces actes car ces pierres, particulièrement reconnaissables de par leur qualité, font partie du patrimoine de la Corse. Qu'ils ne s'imaginent pas qu'ils seront éternellement impunis... »

 

 

 

  

 

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Voila plus de trois siècles que le vieux pont d’Altiani permettait de traverser le Tavignano. Symbole jusqu’à nos jours du savoir-faire des maitres bâtisseurs de cette époque et des besoins de communication en ces temps, seules les modifications des techniques de transport ont eu raison ou plutôt failli avoir raison de cet honorable ouvrage.

  Conçu pour supporter les plus gros attelages hippotractés, il aurait pu encore bien des années assumer ses fonctions sans l’apparition des moyens modernes de transport. Implanté perpendiculairement au Tavignano, il ne pouvait plus supporter les très fortes contraintes générées par le passage incessant des poids lourds qui empruntent tous les jours la RN200, un des axes principaux de la Haute Corse. 

Il fallait, pour lui rendre hommage, construire à sa vue, avec le meilleur du savoir et des matériaux modernes, un ouvrage, au delà de ses qualités avec les mêmes exigences qui lui permirent de traverser les siècles. Ainsi, le nouveau pont d’Altiani, inauguré le 11 juillet 2011, est le résultat d’une réflexion alliant savoir et technologie. L’ingénierie menée par Michel Virlogeux et le cabinet d’architecte Lavigne&Chéron, en collaboration avec le bureau d’étude Secoa laisse s’exprimer le meilleur de ce que les bâtisseurs savent faire aujourd’hui.

  Long de 115 mètres  et large de 12m, le tablier est supporté par un arc de 45m d’ouverture d’une épaisseur de 40 cm seulement. Prenant appui sur le haut du lit moyen dans les schistes du Tavignano, l’arc et les piles intermédiaires donnent à cet ouvrage un caractère aérien qui comme un continuum  au vieux pont trouve un vrai témoignage des efforts et du génie des hommes pour communiquer.

  Réalisé par un groupement d’entreprise composé de l’entreprise Cari (www.cari.fr), de la SAS Terraco et de la société ETIC, l’ouvrage d’art d’un montant de 8M€ a exigé 20 mois de travaux. Les techniques et matériaux employés ont nécessité de nombreuses études et tous les participants au projet gardent une grande fierté de leur contribution à ce chantier. 

Dans l’ensemble, ce pont, alliant esthétique et fonctionnalité, aura été réalisé avec 3500m² de coffrage préfabriqué par les coffrages du Vallon, 450t de cintres,  300T d’armature fournie par SAMT et plus de 3000 m3 de béton haute performance livrés par BETAG.

Article du corse matin sur l’inauguration.

 

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« L’aménagement volontariste de la RN 200 permet de relier efficacement Corte à la Plaine Orientale, explique Loïc Morvan, ingénieur à la Collectivité Territoriale de Corse et maître d’oeuvre pour le suivi des travaux.

« La construction du nouveau pont offrait l’occasion de supprimer l’avant-dernier point singulier de l’itinéraire, avec sa voie unique et son tracé en baïonnette, le pont génois n’offrait pas une fluidité de circulation adaptée mais son classement au titre des Monuments Historiques en 1977 justifiait le choix d’un ouvrage ambitieux pour le remplacer ». Le nouveau tracé s’inscrit en oblique sur la rivière. Bien qu’allongeant la longueur du tablier, ce biais met en valeur le site classé Natura 2000, le vieil ouvrage d’art et la petite chapelle voisine, elle aussi classée. Dès leur première visite en 2002, l’architecte Charles Lavigne et l’ingénieur Michel Virlogeux, tels de vieux complices, avaient projeté un pont en arc. Une réponse à la fois simple et discrète qui s’accorde à la beauté sauvage du site, à la faible dimension de la brèche, aux éléments patrimoniaux…et qui s’est transformée en évidence devant l’excellente qualité du substratum rocheux (schiste compact).

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           1 Le nouveau tracé laisse la part belle au pont génois et à la petite chapelle voisine, tous deux classés.

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P3Monuments Historiques, dont l’existence remonte au XIVe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                3 • Les piles ne diffèrent que par leur longueur (6 m et 9 m).

 

2 Les piles en Y ont été réalisées avec des coffrages en bois. 

                                                                                                                                        

 

LA VALEUR AJOUTÉE

 Très attentifs à ce paysage exceptionnel, les concepteurs ont cherché à dessiner un ouvrage d’une grande finesse pour mettre en valeur le patrimoine bâti. « Le dessin d’un pont répond toujours à ce qui existe autour, explique Michel Virlogeux. On esquisse toutes les solutions qui passent par la tête, et parmi la dizaine de propositions, on choisit celle qui convient le mieux. Ma réaction immédiate a été de faire un pont en arc, qui est par excellence la réponse la plus élégante et la plus symbolique. J’ai imaginé un arc assez court en croissant de lune, dans la pure tradition des ouvrages de Robert Maillard (1),  avec le tablier qui vient s’encastrer dans l’arc. De part et d’autre, j’ai préféré inscrire deux pilettes pour privilégier la finesse du tablier et développer l’idée de transparence ». Au final, l’ouvrage est d’une élégance rarement égalée à ce jour, avec un tablier de 60 cm d’épaisseur et des pieds d’arc de 50 cm. Tout intemporel et respectueux qu’il soit, l’arc n’en est pas moins très moderne dans l’épure de sa silhouette. De la minéralité du lieu et des appareillages en pierres des constructions voisines découle le choix du matériau, en l'occurence un béton à hautes performances avec une précontrainte classique (pour le tablier). Au-delà de la finesse du trait, le sommet de l’arc et les quatre pilettes sont ajourés, optimisant la matière au point qu’il serait difficile d’en mettre moins. Signe de l’évolution des temps et des techniques, la découpe en ogive fait un clind’oeil aux arcs en plein cintre du vieil ouvrage tandis que l’appareillage de roches locales sur les culées lui fait écho. L’esthétique et la recherche de légèreté, certes, mais le projet s’attache aussi à laisser la part belle au patrimoine historique. Ainsi, pour parachever la perception du site, les architectes Thomas Lavigne et Christophe Chéron ont traité avec générosité les abords en créant un point de vue sur la ravissante petite chapelle de l’autre rive, ainsi qu’un cheminement piétonnier sécurisé vers le vieux pont, qui sera restauré. Pour Christophe Chéron, c’est affaire d’évidence : « Hormis des gestes qui demandent une forte présence, telle une sculpture pour créer un signal emblématique en pleine ville, notre appréciation des choses est d’assurer une fonction dans le respect du paysage, du patrimoine et de l’argent du contribuable. La recherche d’élégance, de transparence et de finesse en découlent ». 

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o4 La finesse du tablier et les piles ajourées privilégient l’idée de transparence. 

Les piles sont en béton brut, comme l’arc, formulé avec des agrégats locaux pour lui conférer une teinte ocre clair en harmonie avec les constructions voisines. Le phasage a été dicté par deux contraintes principales : la capacité de production de la centrale à béton (120m3/jour) et le risque de crue en période de fonte des neiges (élévation du niveau de 6 m en crue centenale). Grâce à l’excellente qualité du substratum rocheux, l’ouvrage est fondé sur semelles superficielles à quelques mètres au dessous du sol. Les piles ajourées ne diffèrent que par leur longueur (6 m et 9 m), les premières étant posées sur des appareils d’appui à pot, les secondes étant encastrées dans le tablier. Leur forme en Y a nécessité un coffrage spécial en bois. Par ailleurs, la densité d’armatures passives (430 kg/m3) a imposé une phase de réglage pour autoriser le passage des trous de banches et autres éléments de bétonnage.

 L’ARC ET SON TABLIER 

Réalisé en août 2010 pour éviter toute montée des eaux, l’étaiement de l’arc (110 tonnes) est constitué de huit poutres HEB.

 

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5, 6 et 7 Avec sa découpe en ogive, la ligne de l’arc, bien qu’intemporelle,

est très moderne dans l’épure de sa silhouette et l’optimisation des matériauxDepu

 

 

ENTRETIENS

 

MICHEL VIRLOGEUX, ingénieur, expert internationnal

 

Un arc épuré

 

Quelle a été la principale difficulté ?

  Le problème essentiel résidait dans la finesse de la structure. Cet arc très mince, très léger, est très solide à condition qu’il soit soumis à une charge uniforme. Pour créer une liaison élégante entre le tablier et l’arc, j’ai allégé la charge en perforant l’arc à l’endroit où il est le plus lourd. Ce détail, qui paraissait être un dessin d’architecte pour donner davantage de transparence à l’ouvrage, répond d’abord à cette problématique de charge. En revanche, il a fallu épaissir l’arc au niveau des naissances 2 en raison de l’exiguïté de la plateforme. Et plutôt que de l’encastrer, nous avons créé une ligne d’appuis qui lui laisse une certaine marge d’articulation.

  

 

PHILIPPE COULOUMIES et NICOLAS MODICA,

respectivement, directeur technique et conducteur travaux chez CARI

 

La maîtrise des parements en béton

 

Quel était le cahier des charges pour le parement des bétons ?

Les parements des piles et du tablier appartiennent à la catégorie des parements « fins » définis dans le fascicule 65 du CCTG et caractérisés selon la norme P 18-503*. 

Quel est le retour d’expérience de ce chantier ?

Afin d’atteindre les objectifs fixés, nous avons rédigé deux cahiers de procédure de coffrage, ferraillage et bétonnage de l’arc et des piles. Un essai de convenance de pile a été réalisé afin de juger la qualité des bétons, et en particulier la vibration qui conditionne la qualité des parements et donc de la texture finale. L’essai a montré que la vibration, initialement prévue de façon externe du fait de la densité de ferraillage (430 kg/m3 pour les piles P1et P6), devait être complétée par une vibration interne. Une cheminée de bétonnage a été installée jusqu’en pied de banche avec des tubes-guide en PVC pour guider les aiguilles vibrantes au coeur du béton et complétée d’une vibration externe. Cette combinaison « aiguilles vibrantes et vibreurs externes » nous a permis de garantir l’homogénéité recherchée pour les parements. Le bétonnage des piles s’est déroulé en une fois (1 jour/pile). Spécialement parachevées en usine selon la courbe de l’arc, elles ont été acheminées et assemblées sur site à l’aide de tiges Mc Alloy. Le tout repose sur quatre palées tubulaires fondées dans le lit du fleuve. Dans la mesure où les branches de l’arc fusionnent dans le tablier, ces deux éléments ont été réalisés conjointement. Les caissons de coffrage sont finement assemblés avec des patins à vis avant de recueillir les armatures passives et la précontrainte (72câbles 4T15S gainés graissés autoprotégés). Compte tenu de l’inclinaison à 60° de l’arc et de la capacité de production de la centrale à béton, le bétonnage s’est fait à l’avancement, caisson par caisson (17 m de longueur). Les pieds de l’arc sont articulés sur des lignes d’appui avec des vérins de manière à compenser les éventuelles déformations. Après la réalisation de l’arc, les travées de raccordement ont été clavées avec le tablier de l’arc et les tabliers de rives. Pour garderl’aspect minéral d’ensemble, le béton des corniches reprend la couleur du schiste noir.

  

* La norme P18-503 caractérise l’aspect de surface d’un parement en béton par 3 critères : planeité = P, texture = E, teinte = T.

Chaque critère est associé à un chiffre qui correspond à un niveau croissant de qualité. On distingue la planéité d’ensemble et la planéité locale. La texture est définie par un bullage moyen, un bullage concentré ou des défauts localisés. La teinte est appréciée sur une échelle de gris comprenant 7 niveaux.

 

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Longueur totale : 115m

7 travées : 15-17-7-42 -7-15 -12

Largeur utile : 12,30m (2 x 1 voie)

Ouverture de l’arc : 42m

Épaisseur du tablier : 60 cm- 80 cm sous l’arc

Pile – Épaisseur voile béton : 50 cm

Durée du chantier : 18mois

Chiffres clés

Béton : BPS C50/60 XC4(F) Dmax 10 S4 Cl 0,10

Ciment : CEMI 52,5N CE PM-ES-CP2NF Lafarge ciments

Filler : Betocarb HP-OG Omya France

Retardateur : Chryso Tard CHR

Superplastifiant : Chryso Fluid Optima 175

Résistance à 28 jours : 72MPa

Rhéologie : 4 h (centrale Betag basée à l’aéroport de Bastia et acheminement par camion toupie)

Slump : 230 à 240mm

Extrêmement fluide en raison de la densité d’armatures

Corniche préfabriquée en béton noir : Bonnasabla (Lannemesan65)

Caractéristiques du béton

(1) – Robert Maillart (1872-1940) était un ingénieur génie civil Suisse qui a révolutionné les constructions en béton armé. sauvage.trêm

Depu

is la route principale qui relie Bastia à Bonifacio, à droi 

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  EeeEImage du nouveau site. 

 

 VOICI, POUR TERMINER CE DOSSIER, QUELQUES PHOTOS PRISES DURANT LE CHANTIER:

A

 

B

C

D

E 1

F

G

 

 

IMAGE FINALE

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ALLIANCE DE L'ANCIEN ET DU MODERNE

 

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