SITE PREHISTORIQUE DE CASTELLARE.




Cette étude est extaite du Mémoire de Maîtise d'archéologie préhistorique (Université de Corse - 1999-2000-) de Regina LUCIANI, notre concitoyenne, intitulée

" SITES PREHISTORIQUES: MOYENNE VALLEE DU TAVIGNANI "

 

 

 

 

" Notre objectif est de mettre en évidence la diversité et l'importance de l'occupation préhistorique de notre secteur. Nous avons travaillé de telle sorte qu'à la fin de ce chapitre la moyenne vallée du Tavignanu apparaisse comme une micro-région digne d'intérêt sur le plan archéologique, bien que des questions restent encore majoritairement en suspens."

 

I.CASTELLARE:

 

Photo du site vue de ma fenêtre.

 

   A. PRESENTATION DU SITE:

 

   1) Localisation du site:  Lieu-dit: Sortipiani; Pont de Piedicorte.

                                        Commune: Piedicorte-di-Gaggio.

                                        Coordonnées Lambert: X= 575,375

                                                                            Y= 4214, 375

                                                                            Z= 339 m.

   2) Situation géographique du site:

             - Ensemble géographique:  Versant droit de la vallée du Tavignanu.

                                                       Eperon rocheux en surélévation du fleuve.

 

             - Description de l'environnement:  * géologie: Ophiolites (diabases). Laves massives et brêches volcaniques.

                                                                   * couverture végétale: Maquis arborescent.

 

   B. DESCRIPTION DU SITE:

 

   1)Type de site: Site étendu: structures murées et abris. Aspect défensif et certainement centre de travail, voire site d'habitat.

 

   2) Historique des recherches:

 

            - Invention du site: Découvert par O. Jehasse et A. Manenti, en 1976.

 

            - Etudes antérieures: Les premières fouilles organisées par Jehasse et Manenti, dans les années 1980, ont donné d'abord un important ramassage de surface: 92 fragments en obsidienne; 1 silex; 1 nucléus en rhyolite.

             Un abri a révélé 3 couches:

                                                       * Age du Fer = chaînette en bronze; céramique brune lissée.

                                                       * Age du Bronze = grand vase à lèvres étroites et fond plat, avec départ d'anse en ruban.

                                                       * Néolithique = ?

 

          Bibliographie: Gallia Préhistoire, CNRS, 1976-1980

   3) Contexte historique:

 

            - Similitudes avec sites présents alentour:

                                                       * Vestiges:

                                                       * Morphologie: Cet éperon en surélévation du Tavignanu se trouve en face du rocher de Tuzzani ( voir ultérieurement). Tout deux sont de même composition géologique. Leur situation géographique présente des points communs: elle semble viser le contrôle d'une grande partie de la vallée et des crêtes environnantes.

 

            - Chronologie: Il s'agit certainement d'un site occupé depuis le Néolithique. Cette hypothèse se renforce avec la présence d'un abri sous roche en bordure proche de Tavignanu, au pied de l'éperon rocheux. Il s'agit d'un abri sous roche spacieux ( environ 4 m. sur 3 m.), avec un aménagement extérieur qui s'apparente à une structure murée. Or, on sait que ce type d'abri, de basse altitude, et situé en bordure de cours d'eau, renvoie généralement à une phase Néolithique. (voir Photo )

 

 

 

   C. OCCUPATION HUMAINE:

 

   1) Description des structures:

 

          - Murs et enceintes: Voir Photos suivantes.

 

 

 

 

Ce sont des structures murées du type « murailles cyclopéennes », localisées dans le secteur Est du site. Nous avons pu recenser 7 murs apparents, dont certains peuvent atteindre une longueur de 40 mètres. A observer la disposition de ces murs, il ne semble pas déraisonnable de penser qu'ils aient pu, à une époque, se prolonger davantage.

 

          - Terrasses et répartition des vestiges: Voir Figure suivante.

 

 

   * On compte 5 grandes zones de ramassage (A, B, C, D, E), localisées dans les secteurs Ouest et Sud du site. On y trouve essentiellement de l'obsidienne, des éclats de quartz, des tessons de céramique avec un important dégraissant, divers fragments de galets, divers éléments à l'aspect travaillé ( formes arrondies et lissées), des armatures de flèches. Trois de ces zones semblent être rattachées à un abri. Voir Photos suivantes.

 

 

 

 

         

 

 

          a) Un premier abri correspond à la zone C: situé au-dessus de la zone de ramasage, il est peu profond, mais relativement spacieux, et présente une sorte d'aménagement extérieur. Il est orienté au Sud.

          b) Le deuxième abri correpond à la zone B: situé également au-dessus de la zone de ramassage, il présente en son entrée une petite terrasse. Il est étroit et très peu profond. Ilest orienté Sud-Est.

          c) Le troisième abri correspond à la zone E: lui également se situe au-dessus de la zone de ramassage. Il est quasiment recouvert de végétation. Il semble très étroit et très peu profond. Son entrée présente une petite terrasse. Il est orienté Sud-Est et placé en bordure de l'éperon.

 

   Ces abris, trop petits pour être assimilés à des sites d'habitat, et situés au-dessus des zones de ramassage de vestiges diversifiés, pourraient s'apparenter à des lieux de travail de la matière première, par exemple. Cependant, aucun élément concret ne nous permet aujourd'hui de déterminer avec exactitude la fonction de ces abris, assimilés à un site à vocation principalement défensive.

 

   * Le secteur Est, du côté des murs d'enceinte, a livré essentiellement de la céramique, des broyeurs, percuteurs, et fragments de meules.

 

   2) Etude du matériel:

 

        - Typologie lithique: Voir Fig. 7-8-9-13.

 

 

   * Lamelle à « coche » = 2,5 cm. de longueur sur 0,8 cm. de largeur. D'après Le-Gourhan, ces coches possèdent un rôle de grattoir concave. Tixier estime qu'elles permettent de « racler , calibrer, apointer des objets en bois, en os ». Elles étaient certainement aussi utilisées pour façonner les hampes en bois des flèches (Fig.7, n°9).

 

   * Armatures de flèches = la première est à ailerons; la seconde, à crans obtus (Fig. 7, n° 11-12).

 

 

   * Outil bifacial = sa longueur moyenne est de 4,75 cm. Il possède une base entièrement et finement retouchée ( le tranchant s'étend à toute la pièce), une extrémité distale mince et pointue, des bords convexes, une arête latérale sinueuse, et il est taillé sur les deux faces par retouche courante. Il devait être utilisé essentiellement pour son tranchant (Fig. 8, n°1).

 

   * Hache polie = 8,5 cm. de longueur sur 3 cm. de largeur moyenne. Elle est de forme plutôt quadrangulaire, son tranchant est curviligne, et sa section est ovale (Fig. 9).

 

 

   * Objet indéterminé = trouvé lors de ramassage dans la zone D, cet élément, apparemment cassé ( il semble s'agir d'une seule moitié de l'objet, présente un creux au centre de chacune de ses deux faces. Aucun indice notoire ne nous permet de déterminer la manière dont cet objet a été travaillé. Sa fonction reste aujourd'hui inconnue (Fig. 13).

 

 

        - Etude céramique:

 

   Il aurait fallu que nous puissions disposer du vase découvert par O. Jehasse pour étudier de manière plus précise la céramique issue de ce site. En effet, les ramassages de surface n'ont livré, pour l'instant que de très petits tessons, et sans décors.

 

        - Marériel de broyage: Voir Fig. 10-11-12.

 

 

 

 

 

 

   * Broyeur réutilisé comme percuteur = on constate aisément la formation d'une facette de frottement plate et allongée (broyeur), tandis qu'une observation attentive de l'extrémité laisse supposer des actions de percussion (Fig. 11).

 

        - Objets métalliques: Voir Fig. 8, n°4-5.

 

   D. CONCLUSION:

 

   Un site de l'apparente importance de Castellare mériterait qu'on lui porte davantage d'intérêt. Il présente une grande diversité de vestiges. C'est un site complexe, présentant un abri sous roche indépendant, en bordure de fleuve, des murs d'enceinte en son sommet, et de petits abris sur les hauteurs. Au pied de l'éperon, on peut penser que d'autres abris sous roche pourraient être révélés par une opération de démaquisage. Celle-ci permettrait également de rendre plus visible la configuration générale des structures défensives. Par ailleurs, elle lèverait le voile sur la nature d'une zone circulaire apparaissant sur une photo aérienne du site, de diamètre trop important pur être assimilable à une « aghja », et située en plein maquis. L'intérêt de ce site ressort de sa position stratégique au sein d'une vallée, c'est à dire sur une voie de passage de grande importance, et de sa morphologie qui lui offre un rôle défensif d'envergure. Ces différents constats nous amènent peu à peu à préciser la nature de l'implantation humaine dans cette moyenne vallée.

Mais, pour ce faire, il nous faut d'abord étudier le site de Tuzzani qui, nous le pensons, est étroitement lié au site de Castellare.

 

 


 

 

 

 

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